Un après-midi de contrastes : promenade dans Harajuku, entre Meiji-Jingū et Takeshita-dōri (partie 1
- Lucie
- 15 mars 2015
- 5 min de lecture
Ma journée du mercredi 11 mars a commencé par ma perdition dans le métro tokyoïte le matin (vous savez les fameux trains locaux qui s'arrêtent à toutes les stations de la ligne et ceux rapides qui eux en sautent...) et par mon rendez-vous avec l’assureur pour mon logement à 13h.
L’après-midi j’ai visité avec une amie française le sanctuaire de Meiji-Jingû puis nous avons flâné dans les rues du célèbre quartier de Harajuku. C’est tout là l’une des caractéristiques majeures du Japon : un sanctuaire shintô, représentant donc la tradition, à proximité d’un centre de la mode et du shopping qu’est le quartier moderne et bondé de Harajuku. Ce contraste paraît un peu cliché, car on le retrouve dans de nombreux guides sur le Japon, mais il est bien réel : le Japon sait mettre en avant à la fois ses traditions et sa modernité et cela dans un même lieu.
Le sanctuaire de Meiji-Jingû
Je suis donc d’abord allée visiter, une nouvelle fois, le sanctuaire shintoïste de Meiji-Jingû. Je m’y étais déjà rendue il y a deux ans. Mais visiter un sanctuaire shintoïste, c’est toujours un réel plaisir pour moi, d’autant plus que celui de Meiji-Jingû est remarquable par sa grandeur et sa simplicité.

Petit rappel, le shintô ou la « voie des kami » est la plus ancienne religion du Japon. C’est un mélange de polythéisme et d’animisme, et cette religion n’a pas de livre unique sacré comme la bible ou le coran. Le shintô est un ensemble de valeurs basées sur l’harmonie avec la nature et des vertus. Il n’y a donc pas de dieu unique, mais une multitude de divinités que l’on appelle les kami. Ces kami se retrouvent dans la mythologie, dans la nature mais aussi dans les êtres humains.
Le sanctuaire de Meiji-Jingû fut érigé en l’honneur des âmes divinisées de l’empereur Meiji et de l’impératrice Shôken même si les tombes des époux se trouvent à Kyoto. Ce couple mit fin à la longue période d’isolement du Japon.
Le sanctuaire a été construit en 1920 au milieu d'un jardin composé de 100 000 arbres donnés de tout le Japon lors de sa construction. Les bâtiments actuels sont une reconstruction, principalement en bois de cèdre, datant de 1958, car comme beaucoup de bâtiments de Tokyo durant les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, le sanctuaire fut détruit.
Le sanctuaire est au centre du Meiji-jingû gyoen, le jardin impérial, qui s'étend sur 700 000 m². Outre cette splendide forêt, il y a également de nombreux bâtiments dans ce parc comme un musée exposant les portraits des Empereurs ainsi que des objets leur ayant appartenu, le shiseikan (une salle d'entrainement aux arts martiaux) ou encore le kaguraden, une salle de danse traditionnelle kagura.
On célèbre encore à Meiji-Jingû de nombreux mariages et cérémonies traditionnels.
Ce sanctuaire porte le nom de l’empereur Meiji qui régna sur le Japon de 1867 à 1912 et qui est l’arrière-grand-père de l’actuel Empereur Akihito. Il devint à l'âge de quinze ans le 122ème empereur du Japon au moment où le Japon traversait une période de troubles et de réformes, et sortait de son isolationnisme, qui l’avait coupé du monde depuis le début du XVIIe siècle. L’empereur Meiji a pris l’initiative de promouvoir les relations avec les puissances étrangères et a contribué à introduire la civilisation occidentale et la technologie au Japon.
Son mariage avec l’impératrice Shôken fut célébré en 1869. Aucun enfant n'est né de ce mariage, alors que l'empereur Meiji a eu au moins 15 enfants avec différentes concubines (un coquinou ce petit empereur…). L’impératrice Shôken, dans sa grande bonté (j’éprouve de la sympathie pour cette femme, vivre avec tous les gamins et concubines de son époux, quelle belle époque…) adopta l'aîné des enfants de son mari, qui allait devenir le futur empereur Taishô. Outre sa générosité, l’impératrice Shôken a souvent joué le rôle d'hôtesse lors de visites de dignitaires étrangers et était active dans la Société Japonaise de la Croix-Rouge. Bref, une brave dame.

Dans l'allée par laquelle l'on pénètre dans le sanctuaire, il est curieux de voir que d'un côté se trouve une rangée de barils de saké, et de l’autre une rangée de tonneaux de vins de Bourgogne… Ce sont dans les deux cas des présents offerts au sanctuaire.


L'empereur Meiji affectionnait le vin. Les tonneaux exposés à Meiji-Jingû ont été offerts par de célèbres vignobles de Bourgogne à l'initiative de Yasuhiko Sata, citoyen honorifique de Bourgogne et actuel propriétaire du Château de Chailly.
Le torii ouvrant le chemin principal du sanctuaire s'impose par sa grandeur et sa beauté austère. Il mesure 12 mètres de hauteur. Le long du chemin est également parsemé de tôrô qui sont des lanternes traditionnelles en pierre, en bois ou en métal.


Avant de passer le dernier torii qui vous fait pénétrer dans la cour extérieure du sanctuaire, il faut procéder au rituel de purification dans le chôzuya ou temizuya afin d'enlever les péchés et les souillures inivisibles que l’on porte sur soi.


Une fois dans la cour extérieure, on passe sous une gigantesque porte qui nous conduit dans la cour intérieure où se trouve le bâtiment principal du sanctuaire, là où les fidèles font leurs offrandes et prient.




Pour prier dans un sanctuaire shintoïste, il faut d'abord mettre une pièce dans la caisse prévue à cet effet à l'entrée du honden, le bâtiment principal. Ensuite, si cloche il y a, il faut la faire sonner. Puis on s'incline deux fois et on tape deux fois dans ses mains pour signaler sa présence à la divinité locale. Une fois le moment de recueillement terminé, on s'incline à nouveau une dernière fois.


Voici un shimenawa, une corde sacrée constituée de torsades de paille de riz. On y pend souvent comme ici des shide, c'est-à-dire des bandes de papiers pliées en forme de zigzag. Ces shide forment un lien ou une barrière entre le monde spirituel et notre monde profane. Ils servent à purifier un endroit.
J'ai évoqué plus haut le temizuya où il faut procéder au rituel de purification très important dans la religion Shintô. Voilà comment procéder : on puise de l’eau à l’aide d’ une louche (hishaku), avec la main droite et on se lave la main gauche ; ensuite on prend la louche dans la main gauche pour laver la main droite ; enfin, on recueille de l'eau dans la main gauche pour se rincer la bouche et on remet la louche à sa placer après l'avoir rincée une dernière fois.

Pour terminer sa visite au sanctuaire, on peut acheter des omamori à la boutique d'o-mikuji qui jouxte la cour intérieure. Les omamori sont des talismans protecteurs. On peut par exemple en acheter un pour nous porter chance lors d'un examen scolaire.
On peut également dans le sanctuaire de Meiji-jingû se procurer pour 100 yens un poème Waka écrit par l'impératrice Shôken et l'empereur Meiji. Les Waka sont des poèmes japonais traditionnels composés de 31 syllabes dont le couple impérial était friand.

J'ai tiré le Waka numéro 16 :

Une promenande dans ce poumon de la capitale nippone est toujours agréable tant le lieu est calme et apaisant. J'essaierai de revenir au sanctuaire de Meiji-Jingû un weekend afin d'avoir la chance de pouvoir assister à une cérémonie de mariage traditionnel.
Mon après-midi à Harajuku s'est poursuivie dans la mythique rue de Takeshita-dôri. La suite dans la seconde partie de l'article!
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