Mon premier voyage au Pays de Musashi : Ise
- Lucie
- 8 févr. 2015
- 4 min de lecture

Au moyen d'un Japan Rail Pass d'une durée de 7 jours, j'ai pu découvrir en train une partie du Japon, d'Est en Ouest. Ce pass est économique, facile d'utilisation mais aussi très pratique. Autre atout, on peut le commander par internet avant son départ.
En gros, ce précieux sésame m'a permis, pour le prix d'un aller-retour Tokyo-Kyoto, de visiter le Japon librement pendant une semaine sur l'ensemble du réseau JR.

C'est ainsi qu'en quelques jours, j'ai pu me rendre à Osaka, Kyoto, Tsu, Is, Hiroshima et Miyajima. Si certaines destinations étaient prévues bien avant mon arrivée au Pays du Soleil Levant, d'autres ont été d'agréables suprises, comme ma visite d'Ise.
ISE
Préfecture de Mie, Région du Kansai
Je n'avais pas forcément prévu de me rendre ici lors de mon premier voyage au Japon. Grâce à un ami japonais, originaire de Tsu, capitale de la préfecture de Mie et située à proximité d'Ise, j'ai pu réaliser ce "rêve d'historienne" de me rendre dans le sanctuaire le plus sacré du Shintoïsme.

La renommée de la ville d'Ise est due au sanctuaire d' Ise-jingû, le sanctuaire shintô le plus révéré du Japon. Ce lieu fondamental dans la spiritualité japonaise, accueillent chaque année plus de 6 millions de visiteurs.
Sa fondation est très ancienne. Le sanctuaire est consacré à Amaterasu-ômikami, la déesse du Soleil et l'ancêtre mythique de la famille impériale japonaise. J'aurai l'occasion de rédiger un article sur le shintoïsme, religion primitive du Japon et surnommée "voie des kami". Un kami correspond au Japon à ce que nous appelons une divinité. Amaterasu est la plus importante kami du panthéon shintô. Elle aurait introduit la riziculture, la culture du blé et les vers à soie. Elle est représentée sur le drapeau japonais sous l'apparence du disque solaire.
Le sanctuaire d'Ise-jingû est composé de nombreux bâtiments, et de deux sanctuaires principaux. J'ai visité uniquement le sanctuaire « intérieur » (naikû) qui se trouve dans le quartier Ujitachichô. Par manque de temps, je n'ai pas pu aller voir celui « extérieur » (surnommé gekû), situé dans le quartier Toyokawachô et dédié à la déesse Toyôke (kami protectrice des aliments et des céréales). Les deux sanctuaires sont en effet séparés de six kilomètres. Le gekû aurait été fondé il y a 1500 ans et le naikû il y a 2000 ans.
Le Naikû est plus révéré que le Gekû, car il renferme le miroir de bronze sacré de l'empereur, le Yata no Kagami, qui fait partie des trois objets impériaux sacrés.
Une fois passé le pont Ujibashi, enjambant les eaux de l'Isuzugawa, on pénètre à l'intérieur du sanctuaire. Ces eaux servent de délimitation.

Le sentier menant au Goshôden, le bâtiment principal du sanctuaire, est bordée d'immenses cryptomerias ou cèdres du Japon.

À chaque fois que l'on pénètre dans un lieu sacré au Japon, on doit procéder au rituel de purification. Comme nous étions en février, l'eau était glacée d'où mon sourire pokerface!


Escalier menant au Goshôden

Ce jour-là, il y avait vraiment beaucoup de monde. Prier la déesse Amaterasu, ça se mérite!
Selon la tradition shintoïste, les bâtiments du sanctuaire sont reconstruits tous les 20 ans à l'identique, sur des sites à proximité. Cela se fait en respectant les techniques anciennes, c'est-à-dire pas de clous, uniquement des chevilles de bois et des jointures qui s'emboîtent. Une fois les nouveaux édifices achevés, on procède au transfert de la divnité dans sa nouvelle demeure, selon la cérémonie rituelle du Sengû No Gi. Le bois du vieux sanctuaire est par la suite utilisé pour reconstruire le torii qui marque l'entrée du sanctuaire ou envoyé dans d'autres lieux sacrés du Japon pour être employé à la reconstruction de leurs édifices. Heureux hasard, quand nous étions au sanctuaire, les nouveaux bâtiments étaient en cours de construction, pour la 62ème fois.

On ne peut qu'entrepercevoir la structure du bâtiment gardé par des palissades. Les photos sont interdites, par conséquent vous ne verrez pas grand chose du Goshôden. Des caméras observent les moindres faits et gestes des pèlerins.
Autre bâtiment du sanctuaire, le kagura-den (littéralement le « palais kagura »). Il s'agit d'un palais dans lequel des danses sacrées, les kagura, et de la musique sont offertes au kami au cours de cérémonies

Le parc du sanctuaire est un lieu très agréable pour une promenade en plein air. Outre des arbres centenaires, on peut aussi y admirer de très grosses carpes.

En franchissant à nouveau le pont Ujibashi, on se retrouve dans le quartier d'Oharaimachi, réplique d'une ville de l'époque d'Edo. Les rues sont bordées de commerces traditionnels, maisons de thé, échoppes diverses, restaurants, ainsi que de magasins de souvenirs vendant des jouets en bois ou de la vaisselle en laque.

Diverses manifestations y sont organisées tout au long de l'année pour le plaisir des touristes. Ce jour-là, il y avait un conteur de kamishibai. Ce genre narratif japonais, littéralement « pièce de théâtre sur papier », est une sorte de théâtre ambulant où des conteurs racontent des histoires en faisant défiler des illustrations devant les spectateurs au moyen d'un petit théâtre en bois, à trois ou deux portes, appelé butai (« scène »). Ces conteurs sont impressionnants, ils parlent en faisant des tas de voix différentes et narrent leurs histoires de manière très vivante. J'ai eu l'occasion de m'initier au kamishibai en France, je me suis trouvée bien ridicule à côté de ce conteur, c'était un véritable artiste. Les spectateurs n'ont pas cessé de rire, et même si je ne comprenais pas grand chose à l'histoire, j'ai également bien ri.

Boutique de souvenirs

Nous avons été vraiment chanceux ce jour-là, car en plus du spectable de kamishibai, nous avons pu également assister à une représentation de taiko, c'est-à-dire de tambours traditionnels japonais. Frissons garantis.



Cette visite du sanctuaire d'Ise-jingû fut ponctuée par la dégustation d'une boisson alcoolisée japonaise chaude dont j'ai oublié le nom. Je me souviendrai toute ma vie du malaise provoqué en moi par la première gorgée de ce breuvage, que j'ai personnellement trouvé immonde... Mes caramades français aussi. J'ai voulu faire honneur à mon ami japonais en buvant entièrement mon verre et je l'ai bien fait rire car cela se voyait clairement que j'étais en détresse totale. J'ai goûté des tas de boissons bizarres au Japon, mais celle-là figure en première position dans mon classement des boissons inbuvables (pour moi du moins).

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